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MAYOTTE, LE PASSE ET L'AVENIR
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MAYOTTE, LE PASSE ET L'AVENIR
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30 juin 2006

ORIGINES DES MAHORAIS...

LE CANAL DE MOZAMBIQUE SENTIER DES BOURLINGUEURS

" MAHORAIS" UNE APPELLATION NEBULEUSE

C'est l'ethnologue américain Jon Breslar qui l'affirme dans une étude réalisée en 1978 intitulée : Une perspective ethnologique . Je cite:« Mahorais » est une appellation nébuleuse et composée qui, selon le contexte, peut signifier ou non la fusion de plusieurs groupes raciaux, culturels et linguistiques... Ce diagramme, (qui) comprend les peuples de trois catégories raciales (africaine, asiatique, et méditerranéenne) et trois familles linguistiques (bantu, sémitique et malayo-polynésienne)... Les crochets (NDLR : guillemets), par exemple, indiquent que les premiers Mahorais étaient distincts du point de vue ethnique des émigrés shiraziens et africains. Quelques siècles plus tard (sinon plus tôt) ils sont tous devenus « Mahorais ", par contraste avec les envahisseurs malgaches. Lorsque les Français annexèrent Mayotte, toutes les populations ci-dessus étaient mahoraises, par contraste avec la population européenne ".
Mais à quels groupes ethniques appartenaient ces premiers Mahorais distincts, nous dit-on, des Shiraziens et des Africains ?

DES THEORIES QUI NE FONT PAS L'UNANIMITE

Tenter de retrouver les caractéristiques raciales et linguistiques des premiers occupants de Mayotte dans le but de préserver la mémoire, est une entreprise plutôt aléatoire, compte tenu de la véritable mosaïque de peuplades qui se sont croisées, rencontrées, affrontées et métissées dans le canal de Mozambique, antérieurement au IXè siècle, et aussi parce que les sources écrites sont rares. La tradition orale qui tient une place prépondérante dans toute quête identitaire, n'est cependant pas entièrement fiable, la mémoire humaine étant infaillible et, de plus, un siècle ou deux plus tard, elle a de fortes chances d'être sélective.
D'autant plus que les hypothèses contradictoires et les opinions radicales de certains historiens, par le passé, n'ont fait qu'entretenir la confusion. Certains réfutent ce qu'ils affirmaient péremptoirement il y a quelques années. D'autres sont contestés aujourd'hui par leurs confrères qui se réfèrent à d'autres découvertes. Les quelques exemples qui suivent en sont l'illustration:
- L'hypothèse de l'arrivée des premiers locuteurs malgaches dans l'île, seulement au début du XVIè siècle, est battue en brèche :
De récentes études réfutent la migration mythique à Mayotte, vers 1505, à partir du Boëny malgache, du prince sakalava Diva Mame accompagné de ses troupes. Selon la tradition, les nouveaux arrivants auraient débarqué dans une baie au sud-ouest de Mayotte, à laquelle ils donnèrent le nom de Bouéni, en souvenir de leur patrie. Ensuite, ils auraient fondé un village, qu'ils appelèrent Koilé.
Ce récit, rapporté par le procureur impérial Gevrey - premier Européen a avoir écrit un ouvrage sur l'archipel des Comores - dans Essai sur les Comores (1870), repose sur une tradition orale recueillie par le Cadi Omar Ben Aboubacar dans un
manuscrit rédigé en swahili. L'historien Jean-Claude Hébert le qualifie d'éminemment suspect (4) . Il y relève un certain nombre d'incohérences énumérées ci-dessous, propres, selon son analyse, à semer le doute sur la véracité des faits :
. La dénomination des migrants est un anachronisme car le terme ethnique « sakalava» n'apparaît que vers 1700.
. En outre il n'est pas certain que le mot diva soit d'origine malgache. Diva est le nom générique donné par les Indiens aux îles de l'océan Indien (Maldives, Laquedives), du mot sanscrit diva, « l'île ».
. L'historien s'étonne aussi du nom de Koilé, donné au village nouvellement fondé - dont il ne reste d'ailleurs aucune trace- le toponyme n'étant pas malgache mais africain. Il aurait été plus simple pour les immigrés, observe-t-il àjuste titre, de donner au village le même nom qu'à la baie. Si migration, il y a eu, les nouveaux arrivants n'étaient pas des Malgaches.
J.C. Hébert en déduit qu'il y aurait ici, semble-t-il, confusion dans la tradition et interférence entre la princesse Main Kwalé, soeur de Main Tsingo, à qui l'on attribue la fondation du village de Kwalé, près de la rivière du même nom (Nord-Est de l'île), et Diva Mamé, héros de l'épopée contestée.
Mais l'argument massue est que l'épopée de ce prince est ignorée des traditions sakalava.
Il semblerait donc que la tradition orale ait pris naissance de l'homophonie des deux baies, l'une à la côte malgache, l'autre sur le littoral sudouest de -Mayotte. Bwé étant un mot swahili signifiant « pierre » et ni étant la particule indiquant le locatif, Bwéni a le sens de « là où il y a des pierres » (ou des rochers).

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